Retour sur l’Ecole d’été à Alexandrie

A cette ère de la connectivité et de l’intelligence artificielle, il devient de plus en plus urgent d’arrêter de continuer à raisonner en silo et par profession. L’interprofessionnalité reste la voix à privilégier pour une profession plus forte. Marie Sophie Madiba Dibounje, Présidente de l’AIFBD

Chers membres,

Du 13 au 22 juin 2023, notre association a tenu la 7éme édition de son école d’été des Sciences de l’Information et des Bibliothèques à la Bibliothéca Alexandrina, dans la ville d’Alexandrie en Egypte. Sous le thème : patrimoine, numérique et intelligence artificielle, l’édition 2023 s’intéressait à l’histoire de l’intelligence artificielle dans ses rapports avec le numérique au sein des structures patrimoniales que sont les bibliothèques, les archives et les musées. Cette thématique a été développée autour de trois grands modules à savoir : patrimoine, numérique et intelligence artificielle ; enjeux de diffusion et de valorisation ; veille et intelligence compétitive.

Nous avons eu notre conférence inaugurale du prof. Alain Kiyindou de l’université Bordeaux Montaigne sur le numérique et l’intelligence artificielle, évolution et révolution. 31 communications ont été présentées, soit en moyenne 4 communications par jour aussi bien en présentiel qu’en distanciel. Ce fut un programme riche et intense. Sur cette masse de connaissances acquises, je voudrais succinctement distiller quelques idées sur cette idée centrale : l’intelligence artificielle n’est pas un concept nouveau. Il existe depuis les années 50. Mais c’est l’accélération des transformations technologiques qui provoquent tout l’engouement que l’on observe aujourd’hui autour de l’IA. 

Il faut dire que, vu la distance que nous, professionnels de l’information observions très souvent face à l’objet technique, les évolutions vertigineuses de la technologie créent quelque fois des angoisses et des peurs quant au devenir de nos métiers. Nous retiendrons donc au sortir de cette école que non seulement l’IA ne se limite pas à l’objet technique, mieux encore l’IA est au cœur de nos métiers. Les interventions de nos collègues de la Bibliothèque Nationale de France sur le projet Gallica, le projet corpus (datalab et sociabilité scientifique), les débats sur le web sémantique, la découvrabilité, sans être exhaustifs, ont été assez révélatrices. Mieux, nous avons vu les outils de l’IA qui nous permettent d’analyser l’audience de nos structures documentaires pour savoir comment améliorer les services aux publics. La cartographie des données pour une meilleure prise de décision. Des outils de veille pour réduire l’incertitude et supporter une meilleure prise des décisions, la gouvernance des données notamment les outils de l’IA qui permettent de partir des anciennes données pour en produire les nouvelles. Pour dire que nos métiers sont au cœur des humanités numériques. Et, l’enjeu est de concevoir dans cet univers là des plateformes qui permettent de saisir les dynamiques sociales, l’accès à l’information et au savoir étant la clé pour tout.

Un clin d’œil à tous nos intervenants bénévoles. La richesse et la profondeur de leur intervention étaient nul autre pareil.  

L’école d’été d’Alexandrie a réuni 52 participants, soit 44 en présentiel et 8 participants à distance. Les participants venaient de 13 pays de la francophonie : Algérie, Benin, Cameroun, Canada, Comores, Côte d’ivoire, Egypte, France, Guinée, Maroc, Tunisie, RDC et Sénégal.

En somme, la variété des profils présents notamment bibliothécaires, documentalistes, archivistes et professionnels des musées, informaticiens, ainsi que la diversité des communications et les expériences partagées sur les bibliothèques, les archives et des musées ont démontré à suffisance que les évolutions technologiques et leur impact dans les métiers de l’information documentaire sont des préoccupations que nous partageons tous. Au regard de ce tableau, il devient de plus en plus urgent d’arrêter de continuer à raisonner en silo et par profession. Et, j’ai l’intime conviction que l’interprofessionnalité reste la voix à privilégier pour une profession plus forte.

Convaincu, le Réseau francophone numérique a accepté la main que nous lui avons tendue. C’est ainsi qu’ensemble nous avons fait coïncidée notre école avec l’Assemblée Générale du réseau Francophone numérique. Le jeudi 22 juin 2023 est donc une journée historique pour nos deux regroupements. Avec Laurence Angel, Présidente de la Bibliothèque nationale de France et présidente du RFN, ainsi que l’ensemble de son réseau, nous nous sommes engagés à consolider un nouveau partenariat AIFBD- RFN, dans une perspective de mutualisation des ressources. Cette dynamique me semble assez porteuse dans la mesure où chacune de nos associations a en elle, ce que l’une comme l’autre a besoin. Le RFN est un pôle de décideurs et l’AIFBD, un réservoir des compétences. La formalisation de ce futur partenariat est donc lancée. Je me réjouis de cette ouverture.

Triple ban à l’ensemble de l’équipe du secteur des bibliothèques de la BA, pour cette organisation réussie. Je remercie également tous nos partenaires : l’Université Senghor, la Bibliothèque nationale de France, l’Agence Universitaire de la Francophonie à Alexandrie, le Consulat Général de France à Alexandrie, le Réseau francophone numérique, Cairn Info et nos amis du Réseau de Recherche d’Education des Etats arabes (ASREN). Je salue tous ces collègues qui ont investis de leur temps pour participer à cette activité.

Bon vent à la francophonie,

Je vous donne rendez-vous à la bibliothèque royale de Belgique dans le cadre de notre congrès triannuel, autour des projets sur le plaidoyer, du 16 au 19 août 2023.

Marie Sophie Madiba Dibounje, Présidente de l’AIFBD

Retrouvez ci-dessous la vidéo récapitulative de l’événement réalisée par le Réseau francophone de la Bibliotheca Alexandrina: